Un livre à paraître le 15 novembre aux Editions "Les moutons électriques" titré "A la poursuite de Dracula" au prix de 19 €.
Voici l'article :
06 SEP 2012
Les archives ont parlé
« Soudain, le vent tourna au nord-est et dissipa le brouillard ; alors, chose incroyable, la goélette étrangère passa entre les deux digues en sautant de vague en vague dans sa course rapide et vint se mettre à l’abri dans le port. (…) La goélette ne s’arrêta pas mais continua sa course plus avant dans le port pour aller s’échouer sur un tas de sable et de gravier (…) près de la jetée qui se terminait sous la falaise est. »
Extrait d’une coupure du Dailygraph (8 août), reprise par Bram Stoker dans Dracula.
Lister l’ensemble des découvertes saisissantes que nous avons faites, durant notre séjour à Whitby, serait bien trop long pour ce blog tant cette petite bourgade du nord de l’Angleterre fourmille de détails renvoyant directement au texte du Dracula de Bram Stoker. Aussi, nous avons choisi de nous concentrer sur l’une des plus intéressantes: notre enquête sur l’échouage du Demeter qui amena Dracula en Angleterre depuis le port bulgare de Varna.
Puisque nous avions a priori identifié la plage où le navire acheva sa course folle la veille, nous décidons d’aller investiguer les archives de la ville afin de voir si un tel fait divers n’y a pas laissé une quelconque trace.
Dans Dracula, Bram Stoker joignait un extrait du Dailygraph, un journal londonien qui couvrit la périlleuse arrivée du Demeter à l’époque. Ayant appris au musée de la ville que les archives de la Whitby Gazette se trouvent à la bibliothèque, nous localisons ce bâtiment, près du parc fleuri qui étend ses pelouses impeccables de l’autre côté du centre-ville. À notre requête, une bibliothécaire nous fourni une série de microfilms reprenant les copies des numéros datant de la fin du 19èmesiècle tout en nous souhaitant bon courage. Avant qu’elle ne nous abandonne, je lui explique rapidement que nous recherchons des informations sur un navire ayant atteint le port de manière plutôt périlleuse. Après avoir réfléchi un instant, la bibliothécaire me guide vers plusieurs ouvrages consacrés à l’histoire maritime locale. En feuilletant l’un de ces volumes tandis que Gwenn se plaint de la qualité exécrable des microfilms, une photographie attire soudain mon attention. Elle montre un navire posé sur les bancs de sable d’une plage qui semble bien être celle que nous avons arpentée la veille. En dessous, une légende indique qu’il s’agit d’une embarcation russe nommée Dmitry, en provenance de Narva ― un port estonien ― et la date indique octobre 1885. Pris de fébrilité à la découverte de noms si curieusement proches de ceux que nous recherchons, nous entreprenons d’éplucher les microfilms en amont et en aval de cette date ; une tâche particulièrement ardue qui me fait comprendre pourquoi Gwenn grognait tout à l’heure. Le texte est net uniquement au milieu de l’écran, et je dois naviguer constamment dans le microfilm, muni d’une loupe pour réussir à en déchiffrer les caractères. Mais bientôt, le titre d’un article attire mon attention : « Severe gale at Whitby. Two vessels wrecked ». Il s’agit bien du navire de la photo mais surtout, la lecture du papier me fait découvrir d’édifiantes similitudes entre ce texte et celui repris par Stoker dans sa compilation de documents. Le style est le même, ainsi que l’ambiance et jusqu’à de nombreux détails. Plus qu’enthousiasmés par cette découverte, nous entreprenons de recopier l’ensemble de l’article afin de le faire apparaître dans notre propre livre, accompagné de la photographie du navire qui amena Dracula en Angleterre. En effet, malgré toutes les recherches que nous avons effectuées en amont de notre voyage, jamais je n’ai entendu parler de l’existence d’un tel article…
Sidérant : c’est la première fois que nous découvrons une source extérieure à Bram Stoker relatant un événement similaire. Cela et tous les détails extrêmement précis que nous avons découvert à Whitby nous amènent a soudain échanger un regard mal assuré.
Et si toute cette histoire était bien vraie, finalement ?
Troisième volet d'une série de récits de voyages illustrés reposant sur le même concept : allier la découverte d'un personnage de littérature populaire à celle d'un territoire réel. Après le Texas pour Conan le Texan et le Gabon pour Sur la piste de Tarzan, nos deux aventuriers de l'imaginaire se sont rendu en Roumanie et en Angleterre, à la poursuite d'un autre grand mythe : Dracula !