Face à la forteresse du Louvre se dressait la tour de Nesle, l'une des quatre principales tours de coin de l'ancienne enceinte de Paris, avant que les travaux de l'institut de France ne la jettent à terre en 1665. Haute de 25 mètres et large de 10 mètres, elle comportait quatre étages et une plateforme crénelée à laquelle on accédait par un escalier à vis. Elle servait à baliser l'entrée de la ville du côté du fleuve, en interdisant le passage nocturne de bateaux, au moyen d'une série d'immenses chaînes tendues entre elle et sa tour jumelle située du côté du Louvre. Mais outre sa fonction de porte de la ville, la tour fut très vite utilisée à des fins plus obscures.
La veuve de Philippe le Bel, Jeanne Ière de Navarre, reine de France, aurait fait de cette rotonde un lieu de débauches. Convoquant ses amants pour les entraîner dans d'interminables bacchanales nocturnes, elle les faisaient ensuite assassiner et jetait leurs dépouilles dans la Seine. François Villon, dans sa "Ballade des dames du temps jadis", évoque cette légende en contant les mésaventures d'un certain Buridan, qui échappa de peu à la noyade après avoir tenté de sauver ses étudiants des griffes de la reine. Cette légende, certainement romancée, mais avec laquelle les Parisiens aimaient se faire peur, provient d'une histoire tout à fait réelle : au XIVème siècle, la tour avait réellement abrité les amours adultères des belles-filles de Philippe le Bel. Leur forfait découvert, elles furent châtiées par le roi d'une manière exemplaire : conduites à la forteresse du château Gaillard en Normandie, Marguerite mourut de froid dans une tour lugubre et Blanche fut, plus tard, transférée à l'abbaye de Maubuisson.
Quant à Jeanne Ière de Navarre, elle fut détenue dans la forteresse de Dourdan jusqu'à ce que son innocence soit prouvée. Les amants furent suppliciés de la plus atroce manière : émasculés, écorchés vifs puis pendus sur les côtés de la tour désormais maudite.
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